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Au Québec, des questions rémanentes pour les femmes en agriculture

L’autrice de Sortir du rang raconte la petite histoire de la première étude sur les femmes en agriculture au Québec, réalisée en 1981 par Suzanne Dion, chercheuse et militante dans le développement des comités de femmes en agriculture. Quelles leçons peut-on tirer de cette époque ? Qu’en est-il de la situation des agricultrices et de l’agriculture, 40 ans plus tard ?

Les féministes s’accordent souvent à dire que la sociologie a négligé d’étudier les questions relatives aux femmes et aux rôles sociaux de sexe jusqu’à la fin des années 1970. Cette logique androcentrique a également eu cours dans le monde agricole, tant du point de vue des auteurs publiés que des perspectives offertes.

Un examen de la littérature existante sous l’angle du genre le confirme : le travail des agricultrices est longtemps resté dans l’angle mort de la recherche en sciences sociales, que celle-ci s’intéresse au travail, à la paysannerie ou encore à la production agricole. Il a fallu attendre la fin des années 1970, voire le début des années 1980, pour voir apparaitre les premiers textes sur les agricultrices et leurs contributions économiques. Les agricultrices étaient jusque-là occultées, soustraites des analyses du monde agricole, mais aussi des opérations de mesure du travail et de la production agricole. Cette mise en évidence des biais patriarcaux de la recherche a principalement été le fait de chercheuses femmes (1).

Encore aujourd’hui, le regard réflexif sur le genre demeure généralement confiné à la marge des travaux majoritaires. Il vient principalement de femmes scientifiques qui, en tant que femmes, souffrent d’invisibilité (2). C’est ce que montre très bien Héloïse Prévost dans le champ de l’agroécologie. Dans « L’agroécologie, une science “normâle” ? », la chercheuse nous fait voir que l’essentiel de la conversation scientifique sur l’agroécologie est le fait de quelques leaders masculins (Miguel Altieri, Charles Francis et Stephen Gliessman), et que l’occultation des travaux écrits par les chercheuses contribue à la sous-représentation des femmes comme actrices de l’agroécologie (3).

N’empêche, dès la fin des années 1970 et le début des années 1980, la sociologie connait un certain renouveau théorique avec la féminisation du recrutement dans le milieu de la recherche. En France, les sociologues Alice Barthez et Rose-Marie Lagrave ont été parmi les premières à s’interroger sur les rapports contradictoires entre l’homme et la femme au sein des entreprises agricoles familiales. La première a fourni une critique très pertinente des théories de la modernisation agricole (qui ne s’accompagnait pas d’une modernisation des relations de travail hommes-femmes); la seconde a proposé un projet sur les agricultrices dans le cadre d’un programme de recherche du Centre national de la recherche scientifique en 1983, projet qui l’a ensuite amenée à s’intéresser à l’ensemble des femmes. Au Québec, c’est Suzanne Dion qui a ouvert le bal.

Alors étudiante à la maitrise en andragogie à l’Université de Montréal, Suzanne Dion, qui était complice d’Alice Barthez (les deux femmes s’étaient rencontrées dans le cadre de leurs recherches), publiait en 1981 les résultats d’une vaste étude qu’elle avait réalisée à ses frais.

Cette étude, elle en avait compris l’importance après avoir rencontré Rosaline Ledoux, journaliste à La Terre de chez nous, l’hebdomadaire de l’Union des producteurs agricoles (4) auquel presque toutes les familles agricoles québécoises étaient abonnées. Rosaline dirigeait depuis 1965 le courrier du cœur du journal, nommé « Le courrier de Marie-Josée » en l’honneur d’une de ses filles. Dans les campagnes, tout le monde connaissait « Marie-Josée ». Sa chronique donnait la parole aux femmes en discutant de leur place dans le milieu agricole et dans leurs familles, et d’autres enjeux plutôt avant-gardistes pour l’époque : leurs difficultés conjugales, leurs difficultés économiques, et tout ce qu’elles désiraient profondément et qu’elles n’osaient avouer ailleurs…

C’est aussi en discutant avec Solange Gervais, femme d’agriculteur et présidente de l’Association féministe d’éducation et d’action sociale, que Suzanne Dion avait été convaincue d’initier sa recherche. Depuis quelques années, l’AFEAS se portait à la défense des femmes collaboratrices dans les entreprises de leurs maris. L’organisme avait initié en 1974 un vaste chantier visant à démontrer l’importance économique de ces femmes, peu importe leur domaine. Trois ans plus tard, en 1977, paraissait le rapport La femme collaboratrice du mari dans une entreprise à but lucratif, 1975-1976 (5). Dès lors, un de ses chevaux de bataille principaux est devenu la sécurité financière des femmes. On souhaitait modifier le régime fiscal de manière à ce que le salaire versé à une conjointe travaillant dans une entreprise familiale soit déductible en tant que dépense d’exploitation—chose que les femmes obtiendront en 1980 (6).

Image tirée des archives que Suzanne Dion m’a confiées lors de notre rencontre au printemps 2023.

À l’automne 1980, les trois femmes – qui se connaissaient parce que Rosaline couvrait les activités de l’AFEAS dans La Terre de chez nous et que Suzanne avait déjà travaillé au service de la formation de l’UPA – se sont rencontrées dans les bureaux du journal, avec l’idée en tête d’améliorer la situation des agricultrices. Bien que l’époque était aux revendications égalitaires, l’UPA hésitait encore à faire une place aux agricultrices dans ses rangs. Pour les dirigeants du syndicat, ces revendications n’étaient le fait que d’une poignée de convaincues, «dix ou vingt femmes, tout au plus » (7).

Le besoin de données probantes se faisait donc de plus en plus manifeste. Rosaline, Solange et Suzanne se sont alors entendues sur la nécessité d’une première grande recherche quantitative, susceptible de renseigner le travail et les souhaits de changement des femmes en agriculture : « Aucune demande des femmes n’avait de chance de se réaliser tant que les organismes concernés, et les femmes elles-mêmes, ne sauraient pas plus précisément ce que l’ensemble des femmes qui travaillent en agriculture souhaitent » (8).

Avec la collaboration de Rosaline et de Jean-Marc Kirouac, allié et directeur de La Terre de chez nous, Suzanne publiera son questionnaire dans les pages du journal le 12 mars 1981. Un questionnaire de 60 questions, développé avec l’aide de Rosaline et de Gisèle Painchaud-Leblanc, la superviseuse de son mémoire.

Quelque 2 116 agricultrices répondent présentes, et 2 058 questionnaires seront retenus. Un engouement qui étonne d’abord (9), mais que Suzanne s’explique finalement par le « vent de changement » concernant la place des femmes dans nos sociétés et par le contexte de crises qui traversent alors le secteur agricole. En agriculture, la période 1970-1981 avait été celle de la concentration des fermes (10), et l’on prévoyait que celle-ci allait se poursuivre encore longtemps. Les femmes avaient été les premières à ressentir les effets de ces changements (11), et elles s’inquiétaient pour l’avenir de la ferme familiale, ainsi que l’a rapporté Suzanne dans une conférence à Bordeaux, en mai 1990 :

« Le développement des techniques et la spécialisation permettraient-ils aux femmes de se tailler un travail diversifié comme elles le souhaitaient ? Le stress des remboursements de paiements enlèverait-il le plaisir d’être maître de son travail ? Les nécessités de la productivité permettraient-elles de profiter du cadre de vie familiale à la campagne ? L’évolution des entreprises permettrait-elle aux enfants d’acheter la ferme de leurs parents ? Les intégrations pratiquées par les grandes compagnies laisseraient-elles assez de latitude aux familles agricoles pour qu’elles soient maîtres chez elles ? L’agriculture garderait-elle une place aux femmes le jour où elle pourrait payer des employés spécialisés ? » (12)

Suzanne avait vu bien des femmes subir dans leurs familles et dans leurs entreprises des changements qu’elles ne souhaitaient pas. Leur précarité leur sautait de plus en plus aux yeux, et elles tenaient donc à établir des relations égalitaires avec leurs maris. Le long métrage documentaire de Dagmar Teufel, « Madame, vous avez rien », devait par ailleurs en sensibiliser plusieurs aux risques auxquels les exposait leur absence de statut dans les entreprises : perdre la ferme au profit du mari lors d’une séparation conjugale, même lorsqu’elle avait appartenu à leur propre famille.

Le temps était au changement.

Dagmar Teufel, réalisatrice du film de l’ONF « Madame, vous avez rien », probablement à la sortie du documentaire, en 1982.

De premières insatisfactions portées à l’attention du milieu agricole

Dans l’hebdomadaire de l’UPA seront publiés entre le 8 octobre 1981 et le 11 février 1982 sept articles rapportant les résultats de l’enquête. Ces résultats allaient non seulement permettre aux militantes de convaincre l’UPA du bienfondé de leurs demandes, mais aussi, et peut-être surtout, de sensibiliser les agricultrices en leur donnant des informations pour négocier avec leur partenaire (13) la place qu’elles souhaitaient occuper dans le milieu agricole (14).

Car, l’étude le montrait, ce milieu, les femmes l’aimaient profondément. Elles y offraient leur temps sans compter leurs heures (15) – des heures trop importantes pour être assimilées à des échanges de services entre époux, notait Suzanne – et y dépensaient de l’argent – 42% des répondantes indiquaient avoir déjà investi de l’argent personnel dans l’entreprise de leur partenaire, que cet argent provienne d’un salaire reçu en dehors de la ferme, d’économies réalisées avant le mariage ou bien, moins souvent, d’un héritage. Plus du tiers des répondantes indiquaient travailler à temps plein sur la ferme au printemps, en plus de leur travail ménager et familial ; c’était le cas de la moitié des répondantes l’été. Ce rôle de « collaboratrice » était rarement compensé par une aide du mari dans les tâches domestiques. Les services de garderie adaptés aux horaires agricoles étant à peu près inexistants, et les couples agricoles ne vivant plus sous le même toit que les grands-parents, le principal objet d’insatisfaction des femmes était, sans surprise, leur surcharge de travail et leur fatigue.

Second objet d’insatisfaction : les faibles avantages financiers qu’elles tiraient personnellement de leur travail. L’enquête de Suzanne révélait que 72% des répondantes n’étaient pas payées, et que, parmi celles qui disaient être payées (28%), une minorité seulement (le tiers) recevait un salaire hebdomadaire, mensuel ou horaire. La majorité (55%) disait simplement « prendre ce qu’il leur faut ». Les salaires versés étaient très faibles, et les femmes les utilisaient pour payer l’épicerie, les vêtements des enfants, etc. En cas de divorce, elles étaient réputées avoir été payées pour leur travail dans l’entreprise. Une répondante sur cent recevait un pourcentage sur les profits de l’entreprise. À ce sujet, Suzanne ne mâchait pas ses mots : «Pour moi, la seule véritable rémunération qui développe entre l’exploitant et sa collaboratrice une relation égalitaire est celle qui consiste pour elle en une participation accrue à l’actif de l’entreprise » (16).

Sans voix contre les grosses fermes

L’enquête révélait également que les femmes envisageaient l’avenir de l’agriculture différemment des hommes, qui ne priorisaient pour leur part que la rentabilisation des entreprises. «La ferme familiale, la qualité de vie et les conditions de travail en agriculture ainsi que la relève agricole n’étaient des dossiers prioritaires pour aucun organisme » (17).

Au moment de remplir le questionnaire, les femmes soulevaient les problèmes qui mettaient en danger ce qu’elles aimaient de l’agriculture. Elles se disaient particulièrement inquiètes face à la situation de la relève. Elles voulaient pouvoir continuer à transmettre leur ferme à leurs enfants, ce qui s’avérait de plus en plus difficile compte tenu de la taille des entreprises qui augmentait. Elles déploraient la détérioration de la qualité de vie en agriculture et souhaitaient pouvoir continuer à « y travailler sans stress excessif, en ayant une liberté de choix, des possibilités de repos, dans un environnement sain » (18). Elles étaient préoccupées par la surcharge de travail, l’endettement, la baisse des revenus agricoles, le contingentement de la production, la mise en marché et la qualité de l’environnement menacé par la tournure productiviste qu’avait prise l’agriculture.

  • «Il leur faut grossir, grossir toujours, augmenter surtout la machinerie. L’exploitation devient une industrie où il faut produire plus, non pas pour vivre mieux, mais pour payer la dette et entrevoir l’achat d’une nouvelle machinerie. — Anonyme»
  • «Il y a trop de publicité pour les grosses fermes. Pourquoi y a-t-il tant de ces grosses entreprises à vendre? Si on revenait les pieds sur terre, combien de nos jeunes pourraient réaliser leurs rêves d’être agriculteurs? — Anonyme»
  • «Il faut arrêter de promouvoir les très grosses fermes. Ce sont des éléphants blancs qui ne sont pas toujours rentables et font de belles faillites après avoir nui aux producteurs moyens. — Anonyme»
  • «L’agriculture doit rester familiale, elle doit redevenir écologique. — Anonyme»
  • «Je crois qu’on a tous les atouts en main pour… mettre en péril l’agriculture de demain. — Anonyme » (19).

Pour Suzanne, il ne faisait donc aucun doute que les femmes avaient quelque chose à apporter au milieu, et qu’elles pouvaient arriver à faire changer le cours des choses : « Dans la réorganisation du pouvoir, disait-elle, le rôle que joueront les femmes sera déterminant pour elles, pour le milieu agricole et pour l’avenir de l’agriculture » (20).

« Ma conviction c’est qu’elles ne voient pas la contribution originale qu’elles pourraient apporter partout où se discutent les questions agricoles. Elles ne se définissent pas comme des personnes compétentes en dehors de leur entreprise. Jamais elles n’ont eu l’occasion de faire le point sur ce qu’elles veulent, sur les valeurs qui leur sont propres » (21).

À la publication des résultats de l’enquête, le 22 octobre 1981, Suzanne précisait que de participer au syndicalisme agricole leur permettrait d’« assurer la présence de leurs valeurs » (22) dans les décisions qui influent sur le devenir de l’agriculture. Pour l’heure, elles n’avaient ni le droit de parole, ni le droit de vote, ni la possibilité d’être élues à un poste à l’UPA. Seuls les hommes étaient admissibles au statut de producteur agricole, en vertu du fait qu’il fallait générer 1 000$ de revenus par an à la ferme, et que les fermes étaient pour la grande majorité au nom des maris. Plusieurs veuves étaient bien sûr membres en règle (le temps de transmettre l’entreprise à leur fils), mais elles ne participaient pas pour autant aux instances, si ce n’est comme secrétaires dans les syndicats locaux. Dans les faits, une seule femme à cette époque était déléguée au Congrès général de l’UPA : Jeannine Bourque, une productrice de porc de la Beauce, également présidente de sa région.

Certes, les femmes pouvaient assister aux réunions en tant qu’observatrices, mais peu le faisaient, montrait l’étude. « Il me semble que derrière le tableau des raisons que donnent les femmes pour ne pas participer aux réunions syndicales, il y a toujours ces questions de tâches, de partage des tâches et de rôles que l’environnement (UPA compris) donne aux femmes » (23), commentait Suzanne dans La Terre de chez nous, en octobre 1982. On l’a dit, ces rôles étaient synonymes de surcharge de travail ; ils les confinaient à la comptabilité (plus de la moitié des répondantes y travaillait), et à 24 autres fonctions qui excluaient nommément la représentation, la supervision du travail des employés et la gestion des cultures.

Alors que dans les fermes nouvellement constituées en sociétés, la plupart des décisions se prenaient désormais à l’extérieur des fermes – là où les femmes n’étaient pas -, on s’inquiétait des « conséquences graves » que pouvait pourtant avoir leur absence au sein des organisations où les décisions sur l’orientation de l’agriculture étaient prises : « Se fier uniquement au pouvoir d’influence qu’elles exercent auprès de leur conjoint, est-ce suffisant ? » pouvait-on lire dans la préface de l’étude (24).

Ce pouvoir dépendait étroitement de la qualité de la relation qu’elles avaient avec leur mari, et risquait donc de s’étioler, à mesure que les entreprises grossissaient et que le taux de divortialité augmentait.

Une run de lait pour mobiliser les femmes

J’ai rencontré Suzanne à la parution de Sortir du rang, au printemps 2023.

Elle m’a raconté qu’après avoir publié les résultats de l’enquête dans La Terre de chez nous, elle les a présentés dans 13 des 14 régions que couvrait l’UPA – Saint-Hyacinthe, Nicolet, Mauricie, Lanaudière, Bas-Saint-Laurent, Beauce, Laurentides, Saguenay- Lac-Saint-Jean, Saint-Jean-de-Valleyfield, Gaspésie, Québec, Sherbrooke et Abitibi-Témiscamingue -, à l’occasion de journées d’études régionales tenues du 7 octobre 1982 au 25 janvier 1983. Ces réunions, organisées par les agricultrices elles-mêmes – malgré les résultats de l’enquête, l’UPA avait accepté de fournir son appui dans certaines des régions de la province seulement, précisant que « s’il y a une bonne réponse, on pourra organiser une réunion provinciale » (25) -, visaient à discuter de la place que les femmes voulaient et pouvaient espérer occuper dans l’agriculture, suivant les importants changements qui s’y produisaient.

Cette tournée a permis de rejoindre 1 600 agricultrices.

Dans certaines régions, le film de Dagmar Teufel a servi de levier aux échanges. Une partie des discussions tenues lors des journées d’études ont ensuite été rapportées dans La Terre de chez nous par Rosaline entre le 23 septembre 1982 et le 10 février 1983. On pouvait y lire des analyses, mais aussi des extraits de ce qui s’y était dit.

  • « Après avoir vu le film ‘‘Madame, vous avez rien’’, je constate que nos lois ne nous protègent pas en tant que femmes et que la légalité ce n’est pas souvent la justice. — Anonyme » (26)
  • « Est-ce que mon mari qui va aux réunions de l’UPA défend véritablement mes intérêts pendant que moi je fais le train toute seule? — Anonyme »(27)
  • « Pour ma part, si je n’allais pas traire les vaches, mon mari n’aurait plus de vaches. — Anonyme » (28)
  • « L’agriculture doit s’ouvrir aux autres jeunes qui viennent d’ailleurs. C’est un mythe de croire qu’il n’y a que les fils ou filles d’agriculteur qui peuvent réussir. — Hélène Bédard, Rigaud » (29)
  • « Nous devons travailler pour qu’au moins nos fils soient différents de leur père… C’est à nous les femmes d’être plus conscientes et de voir à faire d’abord changer les choses dans nos maisons.— Anonyme » (30)
  • « Si mon mari s’associe avec la voisine, il a des avantages. S’il s’associe avec moi sa femme, il n’en reçoit pas. C’est aberrant. — Anonyme » (31)

Comme les discussions, les résultats de l’enquête allaient bénéficier d’une tribune privilégiée. En plus d’être diffusés dans La Terre de chez nous, ils allaient faire l’objet d’un livre (lancé au mois de janvier 1983), suivi d’une série de conférences, d’articles de journaux féminins- Femmes d’ici (mai 1983), La Gazette des femmes (mai-juin 1983), Châtelaine (juillet 1983) – ou généraliste (Le Devoir, sans date), d’émissions de radio et de télévision. Les agricultrices allaient ainsi exposer leur situation à la face du monde.

Image tirée des archives que Suzanne Dion m’a confiées lors de notre rencontre au printemps 2023.
De gauche à droite: Raymonde Lamothe—une des fondatrices de Remue-ménage, maison d’édition féministe où j’ai publié Sortir du rang!—, Suzanne Dion, Jean-Marc Kirouac et Rosaline Ledoux.
Sans mention d’auteur, «Une nouvelle parution. Les femmes dans l’agriculture au Québec», La Terre de chez nous, 13 janvier 1982.

Des journées historiques

Le 3 février 1983, Suzanne, Rosaline et Solange ont atteint leur objectif initial : la tenue d’une réunion provinciale dans le Centre-du-Québec, lors de laquelle 120 déléguées de toutes les régions se sont réunies pour faire le point sur les discussions régionales. Des représentantes de l’AFEAS, de l’Association des femmes collaboratrices, du Conseil du statut de la femme ainsi que neuf présidents des régions de l’UPA y étaient présents. Lors de cette journée historique – c’était la première fois que des agricultrices de tout le Québec sortaient de leur isolement et se réunissaient de la sorte -, les déléguées ont demandé à l’UPA la création de comités féminins autonomes.

«Nous voulons nous impliquer dans l’UPA, comme membres à part entière. Nous voulons le droit de parole et le droit de vote. Les modalités techniques et juridiques sont du ressort de l’UPA, mais nous ce que nous voulons c’est bien clair »(32).

Devant les hésitations de l’UPA, une déléguée de Lanaudière, Lise Sarrazin, a proposé de déléguer une femme par région pour maintenir le contact avec le syndicat.

«Il faut une période de rodage dans notre fonctionnement. Ensuite les comités qui seront nommés par l’UPA étudieront toutes les modalités de notre participation. Éventuellement, dans cinq ou dix ans, nous serons de plain-pied dans toutes les structures » (33).

C’était le début du Comité provisoire des femmes en agriculture, aujourd’hui Agricultrices du Québec.

En 1985, une première subvention du ministère de l’Agriculture, où Suzanne travaillait dorénavant en tant que répondante à la condition féminine, a permis au Comité de mieux s’organiser. Tout, jusque-là, se faisait aux frais des principales intéressées, qui « se débrouill[aient] avec de petits budgets ou [qui] investiss[aient] de leur argent personnel et de leur temps » (34), sans réussir à conclure d’accords avec le syndicat.

La même année, le Comité déposait le rapport Égalité et légalité pour les femmes en agriculture auprès de la Commission parlementaire de l’agriculture, des pêcheries et de l’alimentation. Portant sur la relève, le financement et l’endettement agricoles au Québec, ce mémoire critiquait ouvertement le modèle d’agriculture favorisé par les politiques agricoles des dernières années. Le Comité n’hésitait pas à dire que « l’alimentation bon marché » au Québec dépendait du « surtravail gratuit » des femmes, qu’il y avait des couts cachés aux produits agricoles, et que ce sont elles qui les absorbaient principalement (35). Dénonçant l’endettement des fermes, le mémoire en déplorait les conséquences pour les femmes, de plus en plus nombreuses à devoir quitter l’agriculture ou à composer avec la surcharge due à la triple journée de travail. Pour elles, une partie du problème venait du fait que leurs tâches professionnelles avaient augmenté, sans que soit renégocié le partage des tâches ménagères et familiales. « Maintenant que leur contribution est requise dans le domaine public, un partage devra aussi se faire dans le domaine privé »(36), argumentait Suzanne la même année. «Autrement, c’est la femme qui est la grande perdante. Même si elle a son nom sur le silo !» (37) pensait également Rosaline.

Photo fournie par Suzanne Dion, à partir du service des relations de presse du MAPAQ.
La photo a été prise en 1985, à l’occasion de la remise des 125 000$ au Comité provisoire.
De gauche à droite: Suzanne Dion, Lise Sarrazin—agricultrice de Lanaudière—, Jean Garon—ministre de l’Agriculture—et Monique Bégin—agricultrice de la Beauce.
Photo prise avec l’appareil de Suzanne Dion, en 1986, lors d’une mission du Comité provisoire en France. Le Comité a alors rencontré différents organismes gouvernementaux, syndicats, institutions de formation et Alice Barthez.
De gauche à droite : Marie Potvin—agricultrice du Saguenay—, Suzanne Dion, Yvette Roudy—ministre française des Droits de la femme—, Lise Sarrazin et Monique Bégin.

Les regards tournés vers l’avenir

Pendant la première moitié de la décennie 1980, Suzanne a travaillé comme consultante et comme militante dans le développement des comités de femmes en agriculture. Elle a été en contact avec des agricultrices, auxquelles elle a fait prendre conscience de leur(s) valeur(s), en rendant visibles leur travail et leurs préoccupations communes. À titre de répondante à la condition féminine au sein du ministère de l’Agriculture – le Bureau de la répondante à la condition féminine au MAPAQ sera créé au mois d’aout 1984 -, elle a ensuite eu la responsabilité de la mise en œuvre du Plan d’action du ministère à l’intention des agricultrices, en vigueur à partir de 1986.

Au terme de cette courte période d’effervescence pendant laquelle les femmes apprendront à se dire agricultrices (38) et à identifier leur rôle économique dans les entreprises, les femmes obtiendront l’accès à la propriété des entreprises agricoles, grâce à l’accès à la prime d’établissement (en 1986), qui portera rapidement à 7 509 (39) le nombre de femmes propriétaires. Le Comité provisoire intègrera ensuite les rangs de l’UPA à titre de « syndicat spécialisé », et formera la Fédération des agricultrices du Québec (en 1987), aujourd’hui Agricultrices du Québec.

En parlant avec Suzanne, j’ai compris que la recherche sur les femmes en agriculture se devait d’être tournée vers l’action, qu’elle ne devait pas hésiter à s’engager, à faire place aux alliances. La sociologie, après tout, n’est-elle pas née des conséquences de l’industrialisation ? Ne devrait-elle pas à ce titre être partie prenante du changement social ? À l’époque où Suzanne menait son enquête, les fermes grossissaient, et cette évolution risquait de plus en plus de compromettre l’avenir des femmes dans le métier. Suzanne était bien placée pour le savoir. Les agricultrices étaient elles aussi conscientes que le gigantisme des fermes menaçait de les enfermer dans des rôles et des espaces de plus en plus périphériques, en plus de détruire tout ce qui les rattachait à l’agriculture. C’était là une préoccupation centrale chez Suzanne : les femmes découvraient la parole, et il fallait qu’elles l’utilisent pour le mieux-être de la profession agricole dans son ensemble.

Cela a-t-il eu lieu ? Les agricultrices ont-elles réussi à changer leur milieu dans le sens souhaité ? Qu’en est-il de la situation de l’agriculture et des agricultrices, 40 ans plus tard ?

Force est de constater que l’agriculture a poursuivi sa fuite en avant productiviste. Le nombre de fermes n’a jamais cessé de diminuer (40), les fermes ont continué de grossir, et la crise a encore d’importants impacts sur les agricultrices et leur lien au métier. Il y a maintenant beaucoup plus de femmes propriétaires ou copropriétaires, de productrices reconnues – elles représentent dorénavant 27% des propriétaires ou copropriétaires d’entreprises agricoles au Québec -, mais plusieurs femmes ont aussi préféré rompre leurs liens avec l’agriculture. Certaines, ne trouvant pas dans l’agriculture les avantages qu’elles trouvaient ailleurs, ont choisi de privilégier la profession qu’elles exerçaient en dehors de l’entreprise; d’autres n’ont pas su convaincre leur mari de leur reconnaitre une véritable place au sein de leur entreprise (plutôt que de partager, ces maris ont préféré exclure leur femme).

Plus que jamais auparavant, l’état de l’environnement fait craindre pour la suite des choses : «au lieu de se comporter comme une éponge, le sol québécois typique d’aujourd’hui ressemble davantage à une brique ou, à l’inverse, à du sable de plage », écrivait récemment Louis Robert, agronome et lanceur d’alerte, dans une entrevue publiée dans le magazine Nouveau Projet (41). La relève -les agricultrices l’avaient prévu -manque à l’appel sur les grosses fermes. Les revenus agricoles ont baissé. L’endettement a atteint des niveaux inédits. La détresse psychologique touche maintenant près de la moitié des agriculteurs et des agricultrices. Le célèbre rapport de 2008 de la Commission sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire québécois – à laquelle Suzanne a siégé à titre de secrétaire générale -confirmait que l’agriculture québécoise était «entrée dans une phase de doute, de remise en question et même de crise».

Dans ce contexte difficile, les agricultrices continuent de cumuler différents rôles -de mère, de conjointe, de travailleuse agricole, de salariée à l’extérieur dont le revenu est réinvesti dans l’entreprise (42), lorsqu’il ne sert pas à payer les dépenses courantes du ménage (43) -, et cette surcharge continue d’éloigner la majorité d’entre elles des lieux où se prennent les décisions. Le recrutement et la mobilisation du plus grand nombre de productrices agricoles possible restent de ce fait un des dossiers phares d’Agricultrices du Québec.

Si les femmes représentent dorénavant plus du quart des propriétaires ou copropriétaires d’entreprises agricoles au Québec, elles demeurent nombreuses à y occuper une position minoritaire (27%). Peu sont majoritaires (12%) ou propriétaires uniques (7%). Dans les grandes entreprises (250 000$ ou plus), c’est plus du tiers (34%) qui sont minoritaires ou qui ne possèdent aucune part. Qui plus est, la porte des productions principales – le lait, les œufs, le poulet et le dindon, qui représentent la base de l’alimentation de bien des Québécois -leur est pratiquement fermée lorsqu’elles évoluent seules. En effet, les quotas régissant ces productions se transmettent presque systématiquement de père en fils depuis leur implantation au début des années 1970, quand ils ne sont pas vendus à fort prix, via le Système centralisé de vente de quota (voir tableau ci-dessous).

Avec Suzanne, on s’est toutefois accordées pour dire qu’il est bien possible que les agricultrices puissent encore faire changer le cours des choses. Si la situation des femmes a stagné après avoir fortement progressé au début des années 1980, la popularité de l’agriculture de proximité leur permet aujourd’hui de contourner plus facilement les couts liés à l’achat ou à la location de grandes parcelles de terre et de machines. Les femmes trouvent de ce fait leur place dans ces nouvelles pratiques, écologiques et économiques, où elles sont particulièrement nombreuses (38%) à être majoritaires ou propriétaires uniques. Dans ces microentreprises (moins de 10 000$ de chiffre d’affaires), elles démontrent qu’il est possible de suivre d’autres modèles.

Bref, le temps est aux pratiques durables, et cela pourrait bien changer la donne pour les femmes, qui auront un rôle à jouer dans la transition vers des modèles plus écologiques… et économiques. Une chose est certaine, l’urgence environnementale réaffirmera et renforcera les enjeux féministes, en rendant d’autant plus visibles les limites des valeurs patriarcales et la nécessité de repenser radicalement l’organisation du travail en agriculture.

Je souris en pensant à la recommandation littéraire qu’avait faite Suzanne devant un public d’agricultrices, en novembre 1987 : « Je ne vous conseillerai jamais assez de lire La fascination du pouvoir de Marilyn French » (44). Je pense aussi à cette équipe de recherche états-unienne qui a eu la brillante idée d’intégrer à son dispositif de recherche l’ouvrage de Arlie Hochschild, The Second Shift (1989), afin d’enquêter sur les rôles que cumulent les agricultrices à la ferme. Et, comme André Charbonneau (45) dans La Terre de chez nous lors de la sortie de Les femmes dans l’agriculture au Québec, je me dis que le livre de Suzanne fait lui-même partie de ces lectures transformatrices, qu’il a rompu avec « une tradition de silence », qu’il est « en soi un événement », qu’il a « cré[é] symboliquement une sorte de place publique où s’expriment, s’interpellent et se mesurent des femmes jusqu’ici isolées sur leur terre ».

«Les données publiées par Suzanne Dion, dans son volume intitulé Les femmes dans l’agriculture au Québec, permettent d’évaluer à environ 45 000 000 d’heures de travail réalisé sur la ferme par les femmes du Québec au cours d’une année (soit en moyenne 28 heures par semaine pour chacune). Transposée en valeur monétaire, cette contribution équivaut à peu près à la somme d’argent que le ministère québécois de l’Agriculture investit annuellement, auprès des producteurs ».
André Charbonneau,
«Réflexion. Vers une fédération féminine affiliée»,
La Terre de chez nous, 3 février 1983.

Julie Francoeur
Sociologue, cofondatrice du GReTA-UQAM

Pour citer cette publication : Julie Francoeur,  Au Québec, des questions rémanentes pour les femmes en agriculture, AgriGenre, octobre 2023. 
Source en ligne : https://agrigenre.hypotheses.org/17864
DOI : https://doi.org/10.58079/au40

Remerciements

Un immense merci à Suzanne Dion, pour m’avoir confié ses archives personnelles.
Merci à Élisabeth Abergel, pour la relecture.
Merci à Maryse Andraos, pour la révision linguistique.

Notes générales

  1. Je pense notamment à la sociologue Rose-Marie Lagrave, qui a critiqué l’idée de complémentarité des sexes à la ferme, et qui a préféré parler d’« opposition complémentaire », entendant par là « l’existence de divergences et de convergences d’intérêts, d’inégalités de droits, de rapports contradictoires entre homme et femme au sein du couple [agricole] ». Lagrave, Rose-Marie, «Bilan critique des recherches sur les agricultrices en France», Études rurales, no 92, 1983.
  2. Phénomène connu sous le nom de l’effet Matilda. Lamm, Lisa, «The Matilda Effect: How Women Are Becoming Invisible in Science», Lost Women of Science, 15 février 2023.
  3. Prévost Héloïse, «L’agroécologie, une science “normâle”? Sous les écrits scientifiques, l’androcentrisme», dans Les transitions agroécologiques en France. Enjeux, conditions et modalités du changement, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2020.
  4. Le syndicat unique en agriculture au Québec.
  5. AFEAS, La femme collaboratrice du mari dans une entreprise à but lucratif, 1975-1976, Montréal, AFEAS, 1977.
  6. Au moment de l’enquête, très peu d’entreprises semblaient cependant se prévaloir de ce droit, si l’on se fie aux données collectées par Suzanne : seulement 16% des répondantes disaient alors recevoir un salaire. Ledoux Rosaline, «Est-ce la fin de la “ménagère”? Une déclaration d’entreprise familiale donnerait un statut à la collaboratrice», La Terre de chez nous, 10 mars 1983.
  7. Notes personnelles de Suzanne Dion. Ces notes m’ont été confiées par Suzanne elle-même au printemps 2023. Je l’en remercie grandement.
  8. Dion Suzanne, Les femmes dans l’agriculture au Québec, Longueuil, Éditions de la Terre de chez nous, 1983.
  9. En tant que chercheuse, je m’étonne moi-même de l’empressement et de l’enthousiasme avec lequel les femmes en agriculture répondent aux invitations à parler de leur situation!
  10. Proulx Denise et Sauvé Lucie, Porcheries! La porciculture intempestive au Québec, Montréal, Écosociété, 2007.
  11. Dans une conférence prononcée à la Deuxième conférence nationale des femmes en agriculture, Suzanne indiquait : « Je suis portée à penser que ce sont les effets de ces crises qui ont poussé les agricultrices à s’organiser et à s’exprimer car c’est sur elles en premier que les effets de celles-ci ont porté. Il est bien possible aussi que ce soient les agricultrices qui peuvent actuellement changer le cours des choses. En tout cas ce sont elles qui chez nous sentent le plus les dangers, soulèvent les problèmes les plus fondamentaux et provoquent une analyse de la situation.» Dion Suzanne, «Les effets de la crise de l’agriculture sur les familles et les communautés agricoles», conférence prononcée en novembre 1985, à Charlottetown.
  12. Dion Suzanne, «Les agricultrices québécoises depuis 1981», conférence prononcée en mai 1990, à Bordeaux.
  13. Les agricultrices étaient conscientes que c’est au sein de leur couple qu’elles devaient d’abord négocier leur place et leurs rôles. Ce faisant, plusieurs craignaient cependant de compromettre l’équilibre de leur union, de nuire à leur mari ou au développement de l’entreprise familiale. Bien peu de femmes considéraient en effet que le jeu en valait la chandelle : elles savaient que leurs revendications pouvaient mettre à mal les fondements mêmes de l’agriculture familiale, qui avait à ce jour survécu grâce à leur travail gratuit. « La ferme familiale qui n’a jusqu’ici vécu que par le travail non rémunéré des femmes et des enfants pourra-t-elle résister à ces nouvelles approches ? » Ledoux Rosaline, «Femmes. Dans les Laurentides, on veut maintenir la qualité de vie», La Terre de chez nous, 3 mai 1984.
  14. Dans La Terre de chez nous, le 12 mars 1981, on peut lire : « Jusqu’à maintenant on a “senti” des souhaits, certaines demandes se sont exprimées de la part des femmes qui travaillent en agriculture. Mais on ne sait pas si ces demandes sont représentatives, si elles révèlent vraiment les aspirations des femmes. Alors on attend de savoir où aller avant d’y aller… C’est l’occasion pour les femmes qui travaillent en agriculture de se connaître. Les résultats de l’enquête seront diffusés dans La Terre de chez nous. Vous pourrez alors savoir ce que les autres femmes pensent, vous pourrez comparer votre situation à celle des autres femmes… Cela vous permettra de mieux voir votre situation et probablement de mieux vous organiser personnellement et collectivement si des changements sont souhaités…» Dion Suzanne, «Enquête sur les femmes en agriculture. Qui sont-elles? Que font-elles? Qu’est-ce qu’elles veulent?», La Terre de chez nous, 12 mars 1981.
  15. Au moment de remplir le questionnaire, les femmes devaient préciser leur nombre d’heures travaillées par semaine, en excluant le travail ménager et familial. L’exercice fut ardu pour nombre d’entre elles, ainsi que l’a indiqué une des répondantes : « Il fut très difficile pour moi de remplir les questions 30 et 31, je ne suis absolument pas habituée à compter mes heures de travail.» Dion Suzanne, «Les femmes qui travaillent en agriculture (3). Que font les femmes sur les entreprises agricoles ?», La Terre de chez nous, 19 novembre 1981.
  16. Dion Suzanne, «Les femmes qui travaillent en agriculture (4). Ce que les femmes reçoivent pour leur travail», La Terre de chez nous, 3 décembre 1981.
  17. Dion Suzanne, «Les agricultrices québécoises depuis 1981», conférence prononcée en mai 1990, à Bordeaux.
  18. Dion Suzanne, Les femmes dans l’agriculture au Québec, Longueuil, Éditions de la Terre de chez nous, 1983.
  19. L’ensemble de ces extraits sont tirés de Dion Suzanne, Les femmes dans l’agriculture au Québec, Longueuil, Éditions de la Terre de chez nous, 1983).
  20. Dion Suzanne, «Les effets de la crise de l’agriculture sur les familles et les communautés agricoles», conférence prononcée en novembre 1985, à Charlottetown.
  21. Dion Suzanne, «Les femmes qui travaillent en agriculture (6). Ce qui est important dans l’avenir de l’agriculture», La Terre de chez nous, 4 février 1982.
  22. Dion Suzanne, «Les femmes qui travaillent en agriculture (2). La participation des femmes dans la vie syndicale agricole», La Terre de chez nous, 22 octobre 1981.
  23. Dion Suzanne, «Les femmes qui travaillent en agriculture (2). La participation des femmes dans la vie syndicale agricole», La Terre de chez nous, 22 octobre 1981.
  24. Jean Michèle, «Préface», dans Les femmes dans l’agriculture au Québec, Longueuil, Éditions de la Terre de chez nous, 1983.
  25. Notes personnelles de Suzanne Dion.
  26. Ledoux Rosaline, «Soirées d’étude des femmes en agriculture de la région de Nicolet. Les femmes doivent être mieux informées, mieux protégées et davantage participer», La Terre de chez nous, 11 novembre 1982.
  27. Sans mention d’auteur, «Journée d’études sur les femmes en agriculture. Ce qu’elles ont dit…», La Terre de chez nous, 21 octobre 1982.
  28. Sans mention d’auteur, «Journée d’études sur les femmes en agriculture. Ce qu’elles ont dit…», La Terre de chez nous, 21 octobre 1982.
  29. Sans mention d’auteur, «Journée d’études sur les femmes en agriculture. Ce qu’elles ont dit…», La Terre de chez nous, 21 octobre 1982.
  30. Ledoux Rosaline, «Dans les Laurentides, les femmes veulent mieux s’informer pour être enfin reconnues», La Terre de chez nous, 13 janvier 1983.
  31. Ledoux Rosaline, «Dans les Laurentides, les femmes veulent mieux s’informer pour être enfin reconnues», La Terre de chez nous, 13 janvier 1983.
  32. Ledoux Rosaline, «Une première au Québec. Les déléguées de 1 600 femmes demandent à l’UPA la création de comités féminins autonomes», La Terre de chez nous, 10 février 1983.
  33. Ledoux Rosaline, «Une première au Québec. Les déléguées de 1 600 femmes demandent à l’UPA la création de comités féminins autonomes», La Terre de chez nous, 10 février 1983.
  34. Dion Suzanne, Les femmes dans l’agriculture au Québec, Longueuil, Éditions de la Terre de chez nous, 1983, p. 94.
  35. Comité provisoire des femmes en agriculture, Égalité et légalité pour les femmes en agriculture, Québec, 1985.
  36. Dion Suzanne, «Les effets de la crise de l’agriculture sur les familles et les communautés agricoles», conférence prononcée en novembre 1985, à Charlottetown.
  37. Ledoux Rosaline, «Femmes. Dans les Laurentides, on veut maintenir la qualité de vie», La Terre de chez nous, 3 mai 1984.
  38. Incapables de se dire «agricultrices», «les plus hardies» se disaient alors «femmes en agriculture». Dion Suzanne, «La participation des agricultrices aux organismes agricoles: histoire, questions et stratégies», conférence prononcée devant un public d’agricultrices, en novembre 1987.
  39. Dion Suzanne, «Conférence présentée à la Société canadienne de vulgarisation agricole», conférence prononcée le 11 juillet 1989, à Montréal.
  40. Pour la première fois depuis 80 ans, le recensement agricole canadien (2021) nous apprenait  que le nombre de fermes avait légèrement augmenté au Québec.
  41. Séguin Marc et Robert Louis, «Au ras le sol», Nouveau Projet, no 24, 2023,
  42. On sait que 32% des femmes qui travaillent à l’extérieur de l’entreprise agricole se servent actuellement de leur salaire comme fonds de roulement de l’entreprise. Fédération des agricultrices du Québec, Étude sur le travail invisible des femmes en milieu rural, Québec, FAQ, 2016.
  43. J’ai constaté, dans une recherche que j’ai menée ces dernières années pour le Secrétariat à la condition féminine, que le salaire des agricultrices de moins de 40 ans (la relève agricole féminine) sert davantage aux dépenses familiales courantes, là où les hommes du même groupe d’âge sont significativement beaucoup moins nombreux à investir dans les entreprises (44% contre 10%). Abergel Élisabeth, Francoeur Julie et Galerand Elsa, Pour mieux comprendre les inégalités entre les femmes et les hommes au sein du travail agricole. Le travail agricole et ses divisions entre hommes et femmes au Québec, Québec, Secrétariat à la condition féminine, 2023.
  44. Dion Suzanne, «La participation des agricultrices aux organismes agricoles. Histoire, questions et stratégies», conférence prononcée devant un public d’agricultrices, en novembre 1987.
  45. Charbonneau André, «Réflexion. Vers une fédération féminine affiliée», La Terre de chez nous, 3 février 1983.